lundi 17 janvier 2022

Les archives secrètes : Xavier Enrikchen (et l'ère pré-Internet)

 

On passe maintenant au billet du 18 décembre, sur lequel j'aurai un peu plus de choses à dire, vu que je suis seul maître à bord de Dark Fates.

Donc voilà. Septembre 1998. Judgment Day d'Alan Moore d'un côté. Amalgam II de l'autre. En lisant le premier, j'ai eu une grosse poussée d'inspiration et décidé de créer mon propre univers, que j'espérais étendre avec l'aide de quelques camarades. Vous n'avez jamais eu entendu parler de ça ? Les quelques rares pages de BD (quatre au total, si mes souvenirs sont bons) qui en sont sorties ont disparu, donc c'est normal. Cette période était charnière pour moi, parce que j'étais dans une nouvelle classe, débarrassé de certains éléments perturbateurs, et... je n'étais plus au club journal. Vu que toutes mes idées étaient retoquées pour des prétextes fallacieux, mais en réalité pour cause de vengeance personnelle de la part de l'emploi jeune qui s'occupait du club (elle était en froid avec ma tante). La réalité des petites villes, quoi. Je me suis donc dit que, faute d'avoir un support officiel, j'allais m'en faire un qui le serait moins, quitte à faire les photocopies moi-même. 

Relisez la date : en 1998, nul n'avait encore entendu parler de webcomics, car tout le monde était loin d'être équipé d'un ordinateur en premier lieu, et surtout d'une connexion Internet. De plus, je n'avais pas non plus de scanner. Pas sûr, toutefois, que j'aurais beaucoup plus produit si j'avais été équipé : j'avais trop d'idées et pas assez de bras (je n'en avais que deux). Et je ne connaissais personne qui savait tenir un crayon dans le collège. Donc pas de soutien. Par conséquent, cet univers, je le développais à coups de dessins dans mon cahier.

Le projet qui s'est renforcé avec le temps, c'est Les Challengers du Macabre. Pourquoi ce titre ? Parce que Amalgam II et Challengers of the Fantastic. Et l'idée de ce projet de BD, c'était de faire, à la base, des super-héros sans costumes face à des monstres, des vampires, etc. J'avais Rob Zombie dans les oreilles tous les jours, et le fait d'avoir 13 ans m'avait ouvert à tout un pan culturel que je ne pouvais pas connaître avant, surtout que le phénomène Halloween pointait son nez en France. Et il était aussi fort logique qu'un des personnages des Challengers soit un mec au passé mystérieux, difficile à tuer et armé d'un bâton (je vous laisse deviner les deux personnages qui m'ont inspiré). Et c'est en lisant la BD Fax de Sarajevo de Joe Kubert que j'ai travaillé son passé en ex-Yougoslavie. Xavier Enrikchen est donc né de ce carrefour d'influences. 

Les Challengers du Macabre allaient connaître, en 1999, une nouvelle presque inachevée, que j'écrivais à peu près n'importe quand sur mes moments libres. Ca partait un peu dans tous les sens et ce n'était pas gai. J'ignore où se trouvent ces pages en ce moment, car elles n'ont jamais été numérisées, mais je me suis quand même inspiré de la trame de l'histoire pour deux chapitres de Dark Fates. Il y a eu beaucoup de changements, mais le résultat reste macabre à souhait. Alors non, ça n'a pas été facile à mettre en scène, mais c'était cathartique. Et puis ça a été publié sur du beau papier. C'est commandable sur l'Arcadia Store, Oui, je fais un peu de pub, parce qu'avec le virus qui nous embête depuis deux ans, nos revenus se sont écroulés. 

Bon, toutefois, concernant les Challengers du Macabre, je ne suis pas sûr que vous ayez raté grand-chose, car j'étais assez limité en dessin et en narration à cette époque. De plus, les histoires prévues étaient bordéliques. Mais qui sait ? Peut-être qu'en fin de compte, si j'avais eu du soutien à l'époque pour faire des planches régulièrement, j'aurais pu évoluer petit à petit et gagner un petit cercle de passionnés ? On ne le saura jamais.

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