jeudi 11 juillet 2019

Destins obscurs, jours obscurs, dessins obscurs


Voilà maintenant 11 ans et quelques que j'ai crayonné la première planche de Dark Fates. Je ne me souviens plus très bien quel mois c'était, mais c'était bien en l'an 2008.

A l'époque, première BD d'ambition oblige, j'ai voulu me donner moins de travail et dessiner directement au format A5, ce qui, avec le recul, n'est pas l'idée du siècle. Je suis actuellement à l'étroit dans le A4, pour tout dire. Pour ces 20 pages, je savais à peu près où je voulais aller, et ça tombait bien, parce que justement, j'y suis arrivé. Le temps passant, sûrement début 2009, j'ai dessiné le deuxième épisode, en A5, puis commencé le troisième au même format quelques mois plus tard alors que le premier n'était toujours pas publié. Parce que oui, il faut savoir qu'il peut se passer un certain temps entre l'exécution et la publication, parce qu'il y a un tas de problèmes à régler, surtout quand on se lance sans s'y connaître. Et ça m'a coûté un collaborateur.

Par la suite, j'ai ajouté des histoires courtes, mais pour les derniers épisodes, je suis repassé à 20 pages, indispensable pour raconter ce que j'avais en tête. L'épisode 7, "La spirale descendante" (on parle plutôt de "spirale infernale" dans ces cas-là), je l'ai plus ou moins présenté comme une adaptation d'une nouvelle que j'avais écrite en 1999. A l'époque, j'avais une proto-version de Dark Fates sur laquelle j'usais mes crayons sans en sortir vraiment du concret, et l'équipe des Challengers était différente. Claire, Xavier et Juan étaient déjà de la partie, mais il y avait deux autres personnages nommés Victor (un vampire, si je me souviens bien) et Nick (un loup-garou). Les deux morts que l'on voit dans Dark Fates étaient déjà là à l'époque, et étaient imputables à Victor, si mes souvenirs sont bons. En fait, c'est assez confus. Le texte a été écrit sur des cahiers et des feuilles volantes, et il arrivait bien des malheurs à Claire Djarvick, qui rencontrait pas mal de protagonistes de mon proto-univers. Il y avait des passages bizarres, d'autres humoristiques, mais la tonalité était bien dramatique, se concluant par la mort de vous-savez-qui. La conséquence, c'était que les créatures surnaturelles allaient être pourchassées. Mais comme c'était une époque confuse et que je n'ai jamais pris le temps de me poser pour faire UN truc précis (à part cette nouvelle qui occupait mes heures d'étude), l'idée est restée inachevée. En 2002, Ewen Merrick est arrivé dans un deuxième projet sans lien. A partir de là, je vous renvoie à mon interview sur le site d'Arcadia, qui resitue bien les choses : http://arcadiagraphicstudio.blogspot.com/2019/05/interviews-arcadiennes-florian-r-guillon.html

Donc, au final, je n'ai gardé que la moelle de cette histoire, et ai fabriqué le reste avec cet univers que je construisais petit à petit. Il m'a fallu 20 ans pour sortir ça, ce qui est beaucoup, mais il a fallu prendre le temps de mûrir.

Et aujourd'hui, je vois qu'il me reste cinq planches à encrer (et tout à coloriser après) pour achever cette histoire. Une fois tout finalisé, aurai-je enfin mis derrière moi l'adolescent de 14 ans qui bâtissait des univers en ayant grandi trop vite ? Je ne sais pas. En fait, je suis à peu près sûr que de cette période, il me reste encore des choses à tirer. Venomous Girl, par exemple, ou l'exorcisme des années collège.

Créer, c'est un investissement émotionnel. On donne toujours un peu de soi-même, on mise des choses importantes. Enfin, d'une certaine façon. Dark Fates, c'est clairement ça. Je ne suis pas sûr que ce sera le cas si j'écris un jour une reprise d'un titre historique.

Pour dessiner, j'écoute traditionnellement de la musique, mais dernièrement, je me suis découvert un attrait pour les creepypastas et vidéos à contenu horrifique. Après tout, je dessine des monstres et j'essaie de caser des faits paranormaux dans mes BD. Donc, en ce moment, j'écoute pas mal (en fait, c'est un microcosme, puisque les trois bossent souvent ensemble) Mademoiselle McCreepsta, Les histoires de Skull, et ma chouchoute, Daenys Horror Story, que j'ai rencontrée à Bordeaux et que j'espère voir à Poitiers si les organisateurs du Geek Festival veulent bien la convier. Et forcément, à force de les écouter, ça m'inspire, et ça me donne envie de partir sur un nouveau format d'histoire, plus proche de la fiction audio, et de réécrire des nouvelles.

J'ai l'impression que Dark Fates rythme toute ma vie, en fait, en ce moment. Je pense que quand j'en aurai fini avec l'épisode en cours, je prendrai du recul quelques semaines afin de me consacrer à d'autres projets.


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