Après une phase 2 plutôt courte (la faute à Jeph Loeb et ses acolytes pas foutus de rendre leur boulot à l'heure) et qui n'était qu'une transition, la phase 3 de l'univers Ultimate débarque avec plus d'audace. On découvre le nouveau Spider-Man et son environnement inédit, les deux groupes de ceux qu'on appelait les X-Men ressortis au grand jour dans un monde qui les hait plus que jamais, et les Ultimates face à de nombreuses menaces sur tout le globe. Pour résumer, ces épisodes sont des chapitres d'introduction qui mettent plus en place le nouvel univers qu'ils ne font avancer leur histoire. Cependant, le tout est bien mené, aussi on ne voit pas le temps passer et on déplore que la suite n'arrive que dans deux mois. Scénaristiquement, les nouvelles séries cherchent à s'éloigner des sentiers battus en proposant pas mal d'inédit, et les dessins sont très bons, même si Esad Ribic a un style peut-être pas assez adapté aux Ultimates. En revanche, Paco Medina parvient à faire oublier ses dernières prestations en rendant un très bon travail sur les X-Men. Une très bonne intro.
Une réédition à bas prix qui tombe à point nommé. On pourra reprocher à ce volume d'être esseulé, sans l'introduction (Thanos Quest) et manquant un peu de rédactionnel, mais l'objet reste beau. Le papier est adapté aux couleurs, et les dessins très réussis. Le scénario pâtit de l'absence d'introduction (et de la suite), mais le récit se tient pour peu qu'on entre dedans. Pas mal de baston, mais on sent quand même que l'intrigue va plus loin que ça, au-delà de l'atmosphère apocalyptique. Thanos se montre vraiment intéressant sur le plan philosophique, mais le plan étant sur le long terme, ce volume unique en devient frustrant. Cependant, cet album contient suffisamment de morceaux de bravoure à lui seul pour justifier son achat, ou au moins sa lecture.
L'envers du décor des services secrets. Exécutions, basses manœuvres, conflits, rien ne nous est épargné. Si le scénario de ces deux affaires tient bien la route, le dessin de Steve Rolston peine à retranscrire l'atmosphère noire de l'histoire, ainsi qu'à différencier suffisamment les personnages. Brian Hurtt, arrivé à la deuxième histoire, est un poil plus à l'aise, mais ces grandes vignettes vides, sans nuances, ne donnent pas au scénario le cachet voulu. Mais pour peu qu'on aime l'espionnage et qu'on passe le graphisme trop classique, on rentre sans trop de problèmes dans cette BD.
Street Fighter est un jeu qui n'a jamais brillé par la profondeur de son scénario, et les précédentes adaptations étaient elles aussi lacunaires au mieux. En même temps, Street Fighter, c'est de la baston, et ce qu'on veut, c'est de la baston. Certes. Mais ce qui marche dans un jeu ne marchera pas forcément comme ça en BD, ou même en film, comme en attestent les malheureux Street Fighter - L'ultime combat (avec un Raul Julia très malade réduit à son ultime cabotinage) et la Légende de Chun-Li (dont le seul intérêt réside dans le fait que Kristin Kreuk montre un peu de jambes). Le studio Udon a repris la licence de chez Capcom pour faire en sorte de contenter tous les publics, en mettant en avant tous les personnages dans leur version la plus pure et la plus fidèle au canon en développant une histoire cohérente (qui pioche dans tous les supports). On retrouve donc Chun-Li et sa partenaire Po-Lin (apparue pour la première fois dans le manga Street Fighter II de Masaomi Kanzaki) dans la police de Hong Kong, enquêtant sur l'organisation criminelle Shadaloo du guerrier psychique M. Bison et sur le but véritable de son bras droit à Hong Kong, un certain Sagat (qui a encore ses deux yeux et un torse vierge de toute cicatrice).
Autant le dire tout de suite : ces origines de Chun-Li s'adressent en priorité aux fans et se permet d'offrir ce qui manque au film avec Kristin Kreuk, à savoir un scénario en accord avec le canon et de beaux combats. Le tout se lit sans déplaisir, à la manière d'un bon petit film de Hong Kong, avec son lot de péripéties et des dessins de style anime réussis. Franchement, si on aime cet univers, les BD d'Udon peuvent être considérées comme l'adaptation ultime du concept, en équilibrant comme il faut un scénario certes convenu avec ce que le fan attend.
Un macaron sur la couverture et une photo de Daniel Craig pour faire le lien avec le film, ce n'est pas dévoiler le contenu que de dire que c'était nécessaire. L'adaptation filmique n'a qu'un très lointain rapport avec la BD éponyme, à part dans l'impression d'avoir un concept gâché. Le prologue est très beau (même s'il ne sert à rien), mais tout le reste est décevant, bien loin de retranscrire l'atmosphère western, avec des couleurs trop clinquantes. Les personnages ne sont pas développés, et l'histoire met un temps infini à démarrer. Le sujet est seulement effleuré au long de cette centaine de pages, et on referme cet album comme on l'a lu : sans enthousiasme et avec le sentiment que le sujet n'a pas été traité correctement. J'imagine que Cowboys & Envahisseurs aurait eu bien meilleure mine dans un bel album franco-belge (ou italien), mais en attendant, il faut croire que le western n'est plus pour les américains.
Du thriller en Antarctique, l'idée est originale. Les intrigues de Greg Rucka sont plutôt classiques, mais le cadre y apporte tout son sel, et le développement du personnage principal est réussi. Même si le noir et blanc fait qu'on a parfois du mal à reconnaître certains personnages (défaut qui sera atténué dans le deuxième tome), il faut reconnaître que le travail effectué pour donner vie à ce décor atypique est exemplaire, tant les techniques utilisées par Steve Lieber sont fines. Le huis-clos réussit parfaitement à cette série et permet de ne pas l'enfermer dans les clichés. Par contre, la couverture du tome 1 est assez mal choisie, puisque le film avec Kate Beckinsale, descendu par la critique, n'a pas laissé de grands souvenirs.
Quand cette série a commencé en 1999, elle a fait couler pas mal d'encre : le créateur de Babylon V, Joe Michael Straczynski, se lance dans les comics avec une histoire originale que certains iront jusqu'à comparer à Watchmen. Une bonne décennie après, que reste-t-il ? Déjà, le dessin a mal vieilli et ne rend pas justice au scénario : le style Top Cow, avec tous ces clones de Marc Silvestri élevés en batterie, ne colle pas à l'ambiance du récit. Les personnages sans costumes sont trop maladroits, et ce n'est pas le trio de dessinateurs qui aide. Quant au scénario, le concept a été depuis pas mal récupéré (par la série télé Heroes, notamment), et on peut avoir du mal à rentrer dans cette histoire qui semble avoir un goût de déjà-vu. Néanmoins, passés deux ou trois épisodes, on sent que Straczynski a bien travaillé sur ses personnages, qu'ils soient importants ou secondaires, et l'intrigue s'épaissit. Mais que ce soit Keu Cha, Christian Zanier ou Ken Lashley (les différences sont trop minimes pour faire la différence), le graphisme peine beaucoup à servir le récit, sauf lorsqu'il s'agit de combats entre personnages costumés. La colorisation ne fait pas dans la sobriété, mais reste suffisamment cohérente. Un premier tome qui part vraiment bien au niveau de l'histoire, mais qui demande quand même au lecteur de s'accrocher en raison de dessins souvent décalés.
Le grand événement Secret Invasion n'a pas été apprécié par tout le monde, mais force est de reconnaître que certains récits annexes sont bien réussis. Dans ces numéros hors série, Deadpool succède aux Quatre Fantastiques, aux Jeunes Vengeurs, aux Fugitifs et à Thor. Petite particularité : Daniel Way ne propose pas une mini-série, mais bien le début d'une nouvelle série régulière. Dans ces trois épisodes, le mercenaire disert commence par attaquer un vaisseau skrull (sous-entendu : il va buter à peu près tout le monde) dans un stade avant de pactiser avec l'ennemi. On retrouve les ingrédients qui font le succès de Deadpool : ses personnalités cartoonesques en conflit, ses blagues foireuses et sa propension à tuer sans compromis. On a donc un récit d'un niveau sympathique où on ne s'ennuie pas, et où les dessins servent correctement le récit. Un bon début de série, même si le côté sérieux est assez absent.
Le rebounch de l'univers DC est enfin disponible en français, et en kiosques à travers cette sélection de 12 séries. Si les changements effectués sur la continuité de Batman et Green Lantern ne sont pas encore très visibles, c'est bien dans DC Saga que les choses se renouvellent.
Bruce Wayne est de nouveau le seul Batman, et doit apprendre à travailler avec le dernier Robin en date, son fils Damian. C'est à peu près le seul changement qu'on peut noter, le reste étant dans la droite lignée des sagas précédentes, avec un début tout à fait accessible aux néophytes.
Pour Green Lantern, aucun changement visible : Hal Jordan est obligé de réapprendre à vivre comme un homme normal après avoir été destitué de son rôle de Green Lantern à la fin de la série précédente. Les autres Green Lantern terriens sont toujours là, de même que les autres corps de Lanterns. Le rédactionnel est de toute façon présent pour expliquer l'historique des séries Green Lantern.
Les changements les plus notables sont dans DC Saga. Si Flash/Barry Allen n'est que peu impacté (à part son mariage avec Iris West qui n'a jamais existé), on assiste aux événements qui vont former la Justice League 5 ans dans le passé, et les premiers contacts entre les héros sont plutôt houleux. Le premier épisode de Supergirl nous narre son arrivée sur Terre, et l'épisode de Superman dévoile le nouveau visage de l'univers du héros (qui n'a jamais été marié non plus), plus sombre.
Un épisode par série, c'est bien peu pour juger vraiment de la qualité de sagas à suivre. Graphiquement, ça tient bien la route, rien à redire. Pour le scénario, ce n'est qu'une mise en bouche : la plupart des séries démarrent très bien, avec un bémol pour Red Lanterns, Supergirl et Batgirl qui semblent pour l'instant être les moins intéressantes du lot. Le cas Superman est un peu à part, car si le début est intrigant, il y a encore quelque chose qui semble coincer, mais de là à pouvoir dire ce que c'est... Réponse au prochain numéro, peut-être.
Dernier bémol : le prix est un peu trop élevé pour le nombre de pages, et une série en plus par magazine ne serait pas superflue. Ne serait-ce que Shazam dans DC Saga, ça me comblerait.
Les WildCATs étaient la première équipe de super-héros de l'univers Wildstorm, créé par Jim Lee. Leur succès premier leur a valu des séries dérivées et des crossovers inter-compagnies (notamment WildCATs/X-Men et JLA/WildCATs), puis la guerre de ces hybrides humains-Kherubim contre les Daemonites s'est achevée au bout de 50 numéros. Ces soldats sans guerre ont ensuite eu droit à la série Wildcats, qui s'est cherchée avant de trouver sa voie sous les scénarios de Joe Casey : de rares combats, et des affrontements plus politiques et économiques tandis que l'androïde/super-héros anciennement nommé Spartan (et devenu Jack Marlowe) a perdu de son humanité en faisant fructifier son héritage.
Cette nouvelle série est dans la droite lignée de la précédente : le genre super-héros est assez loin, et la manière pour Jack Marlowe de sauver le monde est de le faire de manière industrielle. L'économie, l'espionnage et les nouvelles énergies sont au centre du récit, et c'est assez original. Cet univers de super-barbouzes se métamorphose encore, montrant plus d'ambition que jamais. Même si les dessins de Dustin Nguyen ne sont pas très expressifs, ils collent plutôt bien au récit tout en rappelant un peu le style de Travis Charest, dessinateur emblématique de cette équipe devenue non-équipe puis corporation. Un traitement intelligent du post-super-héroïsme.
Un peu de vieillerie avec ce crossover d'époque, qui impactait tous les titres de l'univers Wildstorm. Après un combat contre Stormwatch (pour une raison pas franchement explicitée), les WildCATs doivent s'allier avec le criminel Daemonite Hightower pour retrouver les clés d'un vaisseau Daemonite qui attire les convoitises. On a donc des alliances qui se font et se défont au fil des péripéties et des très nombreux combats. Pour ceux qui veulent suivre la première partie de l'histoire de l'univers Wildstorm, ce crossover explique pas mal de choses : le retour d'Helspont, la création de la série Grifter et son départ des WildCATs, la création d'une deuxième équipe de WildCATs, etc. Après, oui, ça a vieilli et ça vole pas franchement haut, la part belle étant faite à l'action. Les dessins sont très disparates, donc ce n'est pas très homogène. Après, il faut aimer le style et avoir la nostalgie des Gen13, Deathblow, Backlash et autres, mais même si c'est un peu poussif au début, ça se lit sans déplaisir, malgré les affreux choix de traductions avec des personnages qui parlent tous comme des roturiers.
Grosse fournée !
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup apprécié le Ultimates, Queen & Country et les séries VO traduites par Urban. Je suis très satisfait du premier magazine, vraiment bien fichu et qui ose vraiment aller dans des directions novatrices. L'univers Ultimate n'a jamais été aussi passionnant.
Ce que je reproche aux titres "New 52" publié chez Urban Comics, c'est que nous avons d'un côté des titres complètement formatés confiés aux pointures de la maison - Superman, Batman, Batman & Robin, Flash, Justice League - et qu'il faut taper dans les récits parallèles en apparence sans intérêt pour trouver des histoires réellement originales, ou qui exploitent plus en profondeur les possibilités de ce "relaunch" : Detective Comics, Supergirl, Batgirl,...
RépondreSupprimerJe pense que les séries les plus intéressantes parmi celles du New 52 ne sont pas forcément les gros cartons publiés en France par Urban Comics, mais au contraire les "petits" comics pas forcément attendus, qui offrent aux auteurs plus de possibilités de se lâcher. J'ai eu l'occasion de toucher Justice League Dark, Worlds' Finest, et surtout Dial H for Hero, c'est juste le jour et la nuit.
Un peu déçu, donc. Vive la VO !