mercredi 28 décembre 2011

Drapeau international

Ce billet vous est présenté par une fille en train de chasser des insectes avec application. Dessin anonyme, mais pas totalement dénué de rapports avec ce qui va suivre. Ben oui, fallait bien que ça arrive !






Autant le préciser de suite : je ne suis pas un chasseur d'insectes. Je suis plutôt un chasseur de têtes (au sens figuré, comme utilisé dans certains milieux) qui cherche des auteurs de talent qui n'ont pas encore été publiés, et aussi chasseur de personnages orphelins/open source/dans le domaine public à utiliser. Là, il faut savoir que c'est dur à appréhender. Je m'explique.

Le domaine public américain regorge de personnages apparus comme des champignons pendant la deuxième guerre mondiale et abandonnés quand le vent a tourné, comme ces villes américaines bâties autour de filons d'or lors de la ruée. Le parallèle est assez édifiant. Bon, je schématise, parce qu'en réalité, on ne trouve pas que ces personnages dans le domaine public américain ; on en trouve d'autres qui devraient normalement être disponibles. En fait, c'est assez compliqué. Il faut comprendre que la loi américaine s'applique au copyright. En cas de non-renouvellement ou d'enregistrement incorrect, le travail anciennement copyrighté devient propriété du domaine public.

Et c'est là qu'interviennent les petits margoulins, qui s'approprient le copyright et bloquent toute tentative extérieure, sans penser aux auteurs, bien entendu. J'ai déjà mentionné le cas Quality/Fawcett, où les personnages devraient être disponibles, mais DC Comics, qui aurait racheté le fond après expiration du copyright originel (les sources divergent), fait de la rétention. Le cas Tower Comics, avec les THUNDER Agents de Wally Wood, est encore pire : le copyright n'aurait pas été correctement appliqué (donc domaine public), et un type déclare en être propriétaire, la justice ayant débouté son plaignant. Et j'omets volontairement quelques bizarreries, dont le fait que le premier roman de la série du Magicien d'Oz est dans le domaine public, mais pas les suivants, pourtant écrits par le même auteur. Et pas mal de personnages français et canadiens sont dans le domaine public américain alors qu'ils ne le sont pas dans leur pays d'origine. C'est un truc à devenir dingue. Pour ce qui est de l'Europe, c'est plus simple : c'est le droit d'auteur qui s'applique, à raison des 70 ans suivant la mort du dernier créateur ou auteur encore en vie.

Malgré tout, il reste des alternatives : il peut exister des équivalents libres de droits des personnages pas disponibles ou au statut trop compliqué (au hasard, Kid Eternity), et dans plusieurs catégories.

Premièrement : le domaine public. En admettant que l'on puisse utiliser les personnages du domaine public américain, il est possible de trouver parmi eux des clones de personnages plus connus. Vous voulez utiliser le Superman des débuts ? Vous avez Wonderman et quelques autres. Human Torch ? Blue Flame. Batman ? Il existe une armada de héros sans pouvoirs. Si ça ne vous convient pas, passons à la suite.

Deuxièmement : les personnages open source. C'est une tendance vraiment très marginale et peu exploitée, mais certains auteurs font l'effort de fournir à tous des personnages utilisables et reconnaissables, généralement sans équivalents dans le domaine public et parfois livrés avec des éléments d'histoires suffisamment malléables. Jenny Everywhere, Moon Maiden, Shiko-chan, Outworlder, Kongzilla, Anna Atom sont donc accessibles à tous. Malheureusement, question diversité, on n'est qu'aux balbutiements de ce domaine, donc il reste encore beaucoup à faire. D'où le dernier point.

Troisièmement : la création pure et dure. C'est bête à dire, je le conçois, mais c'est ce qui marche le mieux. Vous pouvez adapter votre personnage favori en un nouveau personnage, en prenant évidemment soin de ne pas trop copier. Bien sûr, si vous voulez le Captain Marvel originel, c'est embêtant à cause du caractère unique de son concept (l'enfant Billy Batson se transformant en Captain Marvel en criant "SHAZAM !"). Il faut donc avoir de l'imagination. Mais n'est-ce pas la condition première à la rédaction d'une histoire ? Ensuite, libre à vous d'en faire ce que vous voulez : vous le gardez pour vous ou vous le mettez à disposition de tous, mais vos histoires vous appartiennent (sauf si vous avez un éditeur qui vous tient par les glaouis au moyen d'un contrat contraignant).

Je pourrais également mentionner la pénurie de héros internationaux disponibles. Essayez de trouver des héros canadiens, philippins, chinois, italiens, etc., et vous constaterez qu'on a vite fait le tour. J'ai cherché, et j'ai dû en créer moi-même. Oui, ça annonce un prochain billet avec leurs designs. J'ai même dû me créer un équivalent de Kid Eternity, qui aura un rôle dans le projet Multiversel.

Je vous laisse avec mes représentations personnelles de Fighting Yank, Thor et Blue Flame (2010). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire