vendredi 14 mai 2010

Retour au Noir

Un petit billet spécial comics pour changer, en réponse à celui de Comics Place au sujet de la gamme Noir de Marvel (qualifiée de "naze"). Mais, pour commencer, de quoi s'agit-il ?

La gamme Noir part d'un principe très simple et maintes fois exploité... Non, c'est pas le mot : surexploité serait plus juste. Donc, le principe : prenez un personnage (ou groupe de personnages) Marvel, et transposez-le dans un univers de film noir, dans les années 1930.

A vue de nez, la recette paraît simple : après tout, ça fait des décennies qu'on a droit à des idées de ce genre. Quelques-uns pour la forme ? Allez hop ! Batman Year One de Frank Miller et David Mazzucchelli (réécriture des origines de Batman dans la continuité officielle), Man Of Steel de John Byrne (réécriture des origines de Superman dans un cadre contemporain, à savoir les années 80, et incorporant au passage des éléments des films), Superman Birthright de Mark Waid et Leinil Yu (réécriture des origines de Superman dans les années 2000, avec la tentative avouée de se rapprocher de la très populaire série Smallville, annulant de la continuité officielle et remplaçant Man Of Steel), Spider-Man Chapter One de John Byrne (remise à jour flemmarde des origines de Spider-Man dans les années 1990, reprenant les épisodes d'origine en ajoutant quelques détails incorporés ensuite à la continuité officielle - et oubliés assez vite pour le bien de l'humanité), la gamme Heroes Reborn (les auteurs les plus en vue des années 1990 reprenant pendant une année les Vengeurs, Captain America, les 4 Fantastiques et Iron Man dans un micro-univers avec de nouvelles origines contemporaines mais collant trop aux origines canoniques) et la gamme Ultimate (un nouvel univers Marvel plutôt bien pensé, avec une nouvelle continuité, de nouvelles origines, etc., pour Spider-Man, les Vengeurs, les X-Men et les 4 Fantastiques, ainsi que tous ceux qui gravitent autour).

Certaines relectures ont fait date, d'autres non, essentiellement à cause d'un manque d'idées de la part des scénaristes. Mais si la gamme Noir est bien une relecture d'origines, elle est plus proche de la gamme Elseworlds de DC (que se serait-il passé si Kal-El était tombé en Ukraine plutôt qu'au Kansas ?). Ainsi, Spider-Man Noir, s'il a bien des pouvoirs d'araignée, est parfaitement ancré dans son époque : crise économique, corruption, monstres de foire, communistes pointés du doigt (ce qui a valu la mort atroce de l'oncle Ben). A la fin, on se rend compte qu'on n'a pas eu affaire à une redite mais à une bonne histoire, tout comme avec les X Men, des sociopathes très différents des héros mutants bien connus. A la limite, on aurait pu enlever les noms Spider-Man et X-Men des couvertures, l'histoire n'aurait pas été altérée. Les scénarios sont fouillés, les dessins retranscrivent bien l'atmosphère noire. L'utilisation des noms n'est finalement qu'une accroche pour le lecteur, une façon de jouer avec ses attentes, dans le but de livrer une bonne histoire. N'est-ce pas ce que l'on demande finalement, de bonnes histoires qui osent éviter de rabâcher le passé ? Les gammes Noir et Ultimate Comics sont idéales pour ça.

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