Tout bon lecteur de comics de super-héros le sait, les héros ne meurent jamais. C'est ainsi que l'on peut lire aujourd'hui les aventures de Batman accompagné de sa descendance, ou de Captain America mêlé à des affaires d'espionnage. Bon, c'est vrai, ces deux personnages (sous leur identité la plus connue) sont morts. Mais 70 ans d'existence au compteur, multipliés par moult adaptations, remaniements, séries parallèles, nouveaux univers, j'en passe et des meilleures, ça fait quand même beaucoup, quand on y pense. Même pour moi. Certes, on ne peut pas tout lire, et on en propose tant que ça vend, mais voilà, n'y a-t-il pas un moment où il faut savoir s'arrêter avant de stagner et de revenir en arrière ?
Je dis ça, mais je me précipite pourtant en kiosques pour suivre les aventures de mes héros (dont Batman, Captain America, Superman, Ultimate Spider-Man, X-Factor, etc.) qui ont déjà traversé le XXe siècle, cherchez l'erreur... En fait, non, il n'y a pas d'erreur : je lis les histoires comme elles viennent sans penser au reste, et j'apprécie quand elles sont vraiment originales. Malheureusement, bien peu de scénaristes font preuve d'inventivité réelle sur de longues séries. On fonctionne toujours par cycles, et c'est fort dommage. Heureusement, la plupart des mangas ont une fin (qui parfois arrive bien après un cycle de non-inventivité, de répétitions, etc.). Mais à l'heure où Nick Rodwell pense fermement à publier de nouveaux albums de Tintin, je me pose des questions. Jusqu'où peut-on aller dans cette logique ? Faut-il faire comme les repreneurs de Blake et Mortimer qui, malgré un réel talent, se contentent de faire une pâle imitation d'Edgar P. Jacobs alors même que les codes de la BD ont évolué depuis ? Prendre des risques en évitant de faire une copie d'André Franquin sur Spirou, en allant chercher du côté de Rob-Vell sans plagier ? Faire combattre Spider-Man et le Bouffon Vert pendant encore 40 ans (déjà que les scénarios actuels sont bien plats) ?
La réponse est : il faut faire du chiffre. Mais en tant que créateur, je suis doute : le jour où je lâcherai Dark Fates (car oui, j'ai bel et bien prévu une fin), si on me dit que quelqu'un reprendra la série, ça me ferait mal. Si une suite doit être envisagée, qu'elle soit au préalable discutée avec le créateur (enfin, Albert Uderzo a beau être encore vivant, il vit sur sa gloire passée), ou, si icelui est mort, en discuter avec ses proches (mauvais exemple : les Culliford qui vivent sur la gloire passée de la création de leur défunt père sans se fouler). En tout cas, il faut qu'il y ait une vraie histoire à raconter, et une bonne. Ou encore une autre vision, comme Mamoru Oshii avec Lamu (laissant de côté la comédie burlesque pour une plongée onirique) ou Hayao Miyazaki avec Lupin III (laissant de côté la perversité du héros et les folies inhérentes à la série, sans oublier les femmes fatales faciles et peu vêtues, au profit d'une histoire plus émotionnelle).
Alors je le dis : si quelqu'un veut écrire une histoire de Dark Fates dans ce style, je veux que ça passe par moi, et j'encourage fortement n'importe qui à le faire.
Clairement pas approprié à un lancement de magazine, je suis d'accord. Une réflexion intéressante (même si je ne suis pas du tout d'accord sur les scénarios plats de Spider-Man, la période actuelle est bonne), mais finalement ça n'avait que peu de rapport avec Forgotten Generation et les séries qu'il va contenir.
RépondreSupprimerSympa de nous en avoir fait profiter au lieu de le jeter, en tout cas !
Tu peux toujours le mettre en article dans la page face de book.
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