mardi 29 janvier 2019

Mustang 2002, ou "l'époque où je voulais faire du petit format"

Alors là, je vous préviens tout de suite, on monte dans la calèche pour une descente du boulevard des souvenirs. Une époque où Internet n'était pas rapide ni omniprésent, une époque où j'habitais à la campagne, où j'allais au lycée, où la Dreamcast était un joyau technologique méprisé. Bref, c'est un temps qui me fait dire que je me fais vieux.

Wampus par José Ladrönn
Il y a eu une époque lointaine où, dans les kiosques, on trouvait plein de petits formats BD avec du western, des tarzanides, du fantastique, du médiéval, etc. Enfin, une époque pas si lointaine, quand même, et pas totalement révolue non plus, puisqu'on dénombre encore les survivants Cap'tain Swing et Akim.

Sauf qu'à l'époque où j'ai eu l'âge d'acheter mes revues en kiosques, les petits formats avaient l'allure de trucs datés, surtout avec l'accroche "Mensuel pour la jeunesse" en page de sommaire, donnant irrémédiablement un air désuet à ces publications bon marché. Bon, je dis ça, mais j'étais quand même curieux. Cela dit, les années 1990 ont été des années creuses pour le petit format : les lecteurs les délaissaient depuis plusieurs années au profit des albums librairies, les éditeurs n'y mettaient plus tellement de moyens et d'intérêt, et la nouveauté n'était pas vraiment là (je crois qu'il n'y a que la série Tex qui a continué d'avoir des inédits jusqu'en 2003). En fait, c'est à partir de l'arrivée de Thierry Mornet chez Semic (1999 ?) que la gamme a repris quelques couleurs, en accueillant des nouveaux artistes dans des "Créazones", et les nouvelles aventures de Zembla, faisant intervenir le personnage d'Ozark (plus vu depuis la période "Sup'héros" de Mustang... en 1981 !), avant de nouvelles aventures également pour Kabur.


Homicron par Steve Rude


Mais ce n'était qu'un début, car en février 2001, c'est avec plus d'ambition que débarque Fantask ! Format plus grand, avec du matériel italien (des inédits de Nathan Never), américain (les histoires courtes de Monkeyman & O'Brien par Arthur Adams), ancien (des extraits de Demain les monstres par Jean-Yves Mitton) et nouveau (Homicron, Fantask Force et Ozark). De quoi changer radicalement la face des Semic Pockets ! Oui, mais voilà, cette nouvelle formule de Fantask ne trouve pas son public, et après 3 numéros bimestriels, un quatrième sort en trimestriel (je l'ai acheté le 11 septembre 2001), et un dernier numéro, le cinquième, sortira en VPC (j'ai mis des années à le choper, et c'est grâce à Reed Man qu'il fait maintenant partie de sa collection) - en réalité, il sera compté comme "spécial", car un cinquième numéro de Fantask est bien sorti en kiosques, mais au format magazine, en couleurs, et sans BD (ça parlait d'Harry Potter).

Rage et déception, tous ces superbes projets se retrouvent le bec dans l'eau. Mais qu'à cela ne tienne, ce sont les Semic Pockets restants qui ouvrent leurs pages et en déploient de nouvelles pour accueillir toutes les nouveautés (même si on a perdu Nathan Never et Monkeyman & O'Brien dans la transition) ! C'est ainsi qu'en mars 2002, Mustang s'enrichit d'Ozark et de Wampus, les deux séries que je décide de suivre. Je découvre donc en même temps les italiens Zagor et Martin Mystère, le premier me gavant assez rapidement (le sidekick bedonnant n'y étant pas pour rien) malgré des idées sympathiques, le deuxième m'emballant réellement avec ses intrigues mystérieuses sur fond de faits ou d'énigmes historiques bien documentés. Un sommaire faisant la part belle au fantastique, aux mondes un peu mystérieux, ça éveille chez moi des envies d'être publié dans cette revue, y compris quand Wampus trouvera sa conclusion et sera remplacé par Dick Demon qui s'intègre thématiquement très bien au sommaire.

Mais arriva septembre 2003 et une terrible annonce : les éditions Bonelli, fournisseur de la plus grande partie du matériel italien des PF, confient leurs droits à un autre éditeur, mettant ainsi en péril l'équilibre économique des Semic Pockets, qui sont donc condamnés à disparaître en décembre 2003 avec des numéros riches en surprises. Non seulement certaines de mes revues régulières disparaissaient, mais d'un point de vue général, c'était aussi un espace de publication potentiel pour de nouveaux artistes qui partait.

Quelques années plus tard, le virus de la création m'a repris pour de bon, et au festival de Ligugé, en 2009, j'ai découvert le fanzine Mad Hatter, petit format noir et blanc bien sympa, et je me suis adressé à leur imprimeur pour faire un format semblable. Donc, quelque part, j'ai quand même fait du petit format... même si ce n'était pas dans Mustang.

Je n'ai jamais abandonné l'idée d'avoir une BD populaire dans le sens premier, c'est-à-dire une BD que chacun pourrait s'acheter, à un prix pas trop élevé, donc accessible. On m'avait fait remarquer, à l'époque, que j'étais plus cher que Grand Dédale, cela dit... Mais bon, 4,90€, ça me semble un prix correct. (et pour ce qui est de Grand Dédale, j'ai vraiment aimé ce que j'en ai lu, reportez-vous donc aux publications de ce blog, et on ne boxait pas dans la même catégorie sur tous les plans. Je déplore vraiment que Gilles n'ait pas pu mener ses plans à bien, mais je ne perds pas espoir de travailler avec lui)

Mais autre chose que je n'ai jamais lâché, c'est Mustang, et alors que je regardais la liste des parutions du passé qui n'ont jamais reparu, je me suis dit qu'il y avait peut-être un coup à jouer. Bon, apparemment, non, mais j'ai quand même ébauché une couverture, à l'époque (2011 ou 2012 ?).



Sentinel, Ewen Merrick, Black Diamond (on va dire 2011)
D'autres ont eu l'envie de ressortir Mustang de l'oubli (des maquettes ont même été faites), mais la marque n'est pas disponible.

Eh oui, ces dernières années (enfin, depuis le début du siècle), nous avons vu resurgir Fantask, Strange, Yuma, Spécial Strange (annulé), Étranges Aventures et Futura. Moi aussi, j'aurais bien envie de ressortir mon vieux titre, parfois. Profiter du prestige d'un nom connu doit être sincèrement grisant. Pouvoir se dire qu'on publie un titre qu'on lisait étant plus jeune, ça doit être une petite fierté.

Mais j'ai Forgotten Generation, et c'est très bien comme ça. J'ai déjà de quoi être grisé et fier, sachant que je suis parti de zéro avec juste un logo qui évoquait Strange. Finalement, pas besoin de reprendre un titre existant.


Quant à savoir ce que j'avais l'intention de publier en 2002, ma mémoire me fait défaut. Je sais qu'il était question de marais et d'ambiances mystiques, mais je ne saurais dire si le projet était abouti au point d'avoir un vrai concept au-delà de "l'homme végétal".

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