dimanche 9 décembre 2012

Retour vers l'avenir présent mais presque digéré

L'hiver arrive, les festivités de fin d'année aussi, la surpopulation citadine saisonnière... mais surtout, Esprit Vengeur est fini.

Oui, le webcomic qui j'espère a été très suivi bi-hebdomadairement par des millions de fans qui portent aux nues mes camarades (Gaëtan Degasperi, Benjamin Costanza, Edwin Boyer et Eudocimus Ruber) et mon auguste personne (comme chantait Chris Cornell : "You know my name") s'est achevé avec sa 22è page, comme convenu depuis le départ. Une expérience enthousiasmante, grisante, mais aussi... grillante. Oui, je pratique le néologisme, en plus du Sudoku, du Hold'em Up Poker et du Mahjong. Bon, toute l'équipe d'Arcadia a joué le jeu en diffusant les pages, mais ailleurs, ils s'en foutaient un peu. J'ai envie de dire "comme d'hab", mais ce serait donner une image fataliste de moi-même, alors que c'est faux : je me dis plutôt qu'on frappera plus fort la fois suivante, qu'on ne va pas se démonter pour si peu et qu'on prouvera comme toujours que nous ne sommes pas des branleurs. Le milieu French Comics a beau ne plus être uni, ce n'est pas une raison pour se laisser abattre - d'ailleurs, on s'en sort plutôt bien par nous-mêmes grâce à un bon bouche-à-oreille. Rien n'est immuable, et dans l'ombre, ce sont "les perdants d'hier" (pour reprendre Hugues Aufray, même si l'expression est relative) qui s'apprêtent à faire bouger les choses, sans laisser personne sur le carreau. Mais j'en reparlerai plus tard.

En fait, Esprit Vengeur a tellement bien galvanisé les troupes et redonné une grande force à toute l'équipe, que mettre le mot FIN sur la dernière page m'a presque tiré une larme. Je dis bien presque, parce qu'en réalité, on ne tire pas mes larmes comme ça, mais c'est un autre débat. Je suis fier d'Esprit Vengeur dans son ensemble, et je suis content d'avoir donné dans ce projet qui respire le fun et le dynamisme, à l'instar des comics d'antan qui offraient évasion et action pendant 22 pages. Le "retour à la réalité" a été un poil plus brutal : en effet, passer du "blockbuster" au "film de genre" n'est pas aussi facile qu'on pourrait le penser.

Eh oui, comme beaucoup le savent, je suis de retour sur Dark Fates, fiction fantastique et didactique. Bon, je ne vous cacherai pas que je suis fier des progrès accomplis depuis le début de l'année : les nouvelles planches réalisées sont meilleures. Sans déconner. Je ne vais pas non plus me considérer comme un as du crayon, hein, on est d'accord. Mais Dark Fates est véritablement la BD qui m'est la plus personnelle, en raison de beaucoup de thèmes biographiques abordés et de reflets de l'existence, la nostalgie, etc. Et puis ça se passe à un temps où tout semblait moins moche, plus simple, une société presque moins sclérosée... Je ne suis pas du genre à dire que c'était mieux avant, mais quand même, l'année 1929 que nous vivons est bien trop longue, et les espoirs et les rêves sont foulés au pied, remplacés par des apparences qui nous rappellent à longueur de temps à quel point le quotidien est sordide. Sous couvert de vendre du rêve, on veut que l'être humain perde le sens du merveilleux et ne voie plus la couleur des blés. On fait la course à l'obsolescence et à l'isolement. On érige en vedettes des gens sans valeur, des stars jetables qu'on va très vite conchier mais qu'on va recycler au bout de quelques années pour jouer sur une nostalgie artificielle.

Et pourtant, j'écris des récits où rien n'est fait pour rassurer le lecteur : au contraire, ce sont mes démons que je jette à la face du monde, avec des interrogations multiples et aucun mode d'emploi. Mais dans ce monde où tout est pré-mâché et formaté, est-ce un tort que de demander à quelqu'un d'observer, de lire entre les lignes pour trouver des réponses qui pourront trouver un écho dans sa propre vie ? De leur faire comprendre sans faire la morale que certaines choses ne sont pas bien ? De montrer qu'il peut exister des chemins qu'on peut emprunter parce qu'on les a empruntés soi-même ? D'arrêter le métronome fou de sa vie pour le remettre sur d'autres rythmes ?

Si finalement certains retirent un enseignement de leur lecture de mes "œuvres" (et je ne parle pas de la qualité, là), cela voudra dire que j'aurai au moins fait quelque chose qui a un sens. Et tant pis si ce nombre n'est pas élevé.

C'est peut-être les longues nuits d'hiver qui me rendent philosophe... Pour ce qui est de Dark Fates, le troisième épisode avance bien, et la finalisation de Forgotten Generation 3 aussi. Mais il ne sortira pas en décembre, car la fin d'année est bien trop chargée partout. Vous pouvez toujours vous procurer les numéros 1 (en impression à la demande) et 2 (il s'est vachement bien vendu, il n'en reste plus beaucoup), en attendant.

Et surtout, n'oubliez pas de rêver. Ne vous faites pas dévorer par les chantres du désespoir organisé, envoyez-les paître l'herbe putride qu'ils veulent vous faire avaler de force.



  Ci-dessus : encres et aquarelles du personnage de Lord Corlatius créé par Ben Wawe

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