jeudi 6 décembre 2012

Lectures pré-hivernales


D'emblée, il faut préciser que c'est le Batman pré-reboot, ce qui change peu de choses, si ce n'est que c'est la période où Dick Grayson est le Batman de Gotham City, après la fondation par Bruce Wayne de Batman Incorporated. Sinon, l'histoire en elle-même se passe de faire des recherches, puisqu'elle est complète et auto-contenue. On revient sur l'histoire de ces immigrants qui ont bâti Gotham à la fin du XIXè siècle, et on découvre en parallèle l'histoire de la ville et celle des ancêtres Wayne, Cobblepot et Elliott, soit une bonne occasion d'apprécier toutes les références de la série Batman actuelle avec le même scénariste. On se penchera plus sur les intrigues du passé que sur les motivations de l'ennemi, qui sont somme toute plutôt prévisibles. Le graphisme est juste, pas d'extravagances ni de détails abondants, le trait est clair, dynamique et très lisible. La colorisation est à l'avenant, ni trop sombre ni trop claire. Au final, un récit complet très plaisant à ajouter au palmarès de Scott Snyder.










Là, pour le coup, c'est toute la partie graphique qui met sur le derrière. JH Williams III offre des planches vraiment superbes, très travaillées, et usant de multiples techniques et de mises en page inventives. Quand la rétine est aussi flattée, on a bien peur que le scénario ne suive pas. Il s'avère que Greg Rucka met en place de bons éléments que Williams et W. Haden Blackman reprennent intelligemment. On se prend à suivre l'itinéraire de Kate Kane et ses combats avec intérêt, le personnage étant assez bien écrit. Cependant, on peut se demander si ces premières intrigues résolues, l'intérêt restera. Mais pour l'instant, on a deux bons albums aux dessins vraiment superbes, ce qui est déjà bien. Une bonne surprise que cette série.
 




Autre surprise, mais dans un genre différent. Dans les années 1980, la première série dérivée des X-Men avait droit à un traitement particulier. Si le scénario était signé Chris Claremont, soit l'éminence grise des mutants pendant longtemps, le dessin était de Bill Sienkiewicz, au style assez éloigné des artistes en vogue de l'époque, et surtout le dernier qu'on aurait imaginé sur New Mutants. Et pourtant, l'alchimie prenait bien ! Les épisodes recueillis dans ce numéro confrontent Danielle Moonstar à l'Ours-Démon qui a tué sa famille, dans un triptyque haletant où le style nerveux et schématique de Sienkiewicz fait des merveilles. Les épisodes suivants ne sont pas en reste et s'intéressent aux filles de l'Institut, dont la soirée pyjama prend une tournure particulière. J'ai beau considérer que Chris Claremont est désormais loin de ses heures de gloire, il savait encore écrire intelligemment à l'époque et rendre vraiment vivants les jeunes mutants sans recourir aux artifices dont il a abusé ces dernières années. Le duo Claremont/Sienkiewicz donne du corps à l'histoire sans faire d'excès, et trouve le ton juste. Seule chose à regretter : la colorisation trop flashy sur du papier glacé.
 

Iron Man propulsé à travers le temps pour retrouver les pièces de la machine temporelle de Fatalis et empêcher la destruction du monde par le Phénix. On s'amusera de cette évocation des comics Marvel à travers les âges et de l'évolution d'Iron Man. Un récit sans prétention ni impact, mais susceptible de plaire à tous.

D'une vague à l'autre, Marvel fait du surf, sans parfois réussir à tenir sur sa planche. On a vu les labels Marvel Manga, Tsunami et Tech, entre autres, vite enterrés devant le peu de succès et de qualité proposée... Avec X Men Noir, c'est Fred Van Lente qui se colle à la réinvention des mutants à la sauce Grande Dépression. Si l'histoire de Spider-Man (qui a lancé le label) était relativement convenue, le parti pris est ici différent : les X Men sont un groupe de sociopathes entraînés par Charles Xavier, et la Confrérie est le plus grand cercle de crime organisé de New York, où siège le détective en chef Erik Lehnsher. Entre les deux, on suit l'évolution de Pietro, son fils, et de Thomas Halloway, le vigilant costumé surnommé l'Ange, tous deux lancés sur la piste de la mort mystérieuse de Jean Grey.

Pas de pouvoirs, que du noir. Dennis Callero rend superbement l'ambiance de cette enquête qui multiplie les personnages et les faux-semblants jusqu'à la confusion, même si on finit par s'y retrouver à la fin. Ceux qui sont réfractaires à cette ambiance, par contre, s'offusqueront de voir leurs personnages bien-aimés ainsi transformés et anti-héroïques à souhaits. Les autres se plongeront plus facilement dans ces deux récits (quatre, si on compte les bonus : Les Sentinelles et L'arme X) qui ont le mérite d'aller chercher leur originalité plus loin que dans la parabole du combat pour l'égalité et les voyages temporelles.





Il y a sept-huit ans, le moribond Captain America était repris en main par le brillant scénariste Ed Brubaker, qui a redonné au héros étoilé des aventures dignes de ce nom sur fond d'espionnage international. Depuis, on lui doit le retour de Bucky, le jeune acolyte du Captain pendant la Seconde Guerre Mondiale dont le deuil a été porté pendant de longues années. Encore mieux : quitte à commettre un sacrilège, Brubaker en a fait le Winter Soldier, agent secret à la solde des Soviets pendant la Guerre Froide ! Après, Bucky a retrouvé la mémoire, est devenu Captain America à la place de son ami Steve Rogers lors de la mort présumée de ce dernier, et a été jugé pour ses crimes. Le récit qui nous intéresse ici est la première saga de la série Captain America & Bucky, située pendant la guerre, et qui lève le voile sur les origines du petit équipier suite aux révélations de ces dernières années. Et non, c'était pas un tendre... Chris Samnee illustre avec brio les différentes situations, passées, présentes, tendues, calmes, explosives, sans jamais faillir, avec un brin d'encrage rétro. Moi qui m'attendais simplement à des histoires un peu génériques de Captain America pendant la Guerre, j'ai été très agréablement surpris. Le récit est bien centré sur Bucky et met en lumière à travers ses yeux des éléments encore inconnus de cette époque lointaine. Soyons direct : ce sont les meilleurs épisodes du patriote publiés depuis plusieurs mois.

Et puisque nous sommes dans les années de guerre, compléter cette lecture avec Le Projet Marvels est loin d'être idiot : même scénariste, trame très proche mais plus thriller que super-héroïque. Ce copieux album retrace les premières années de l'univers Marvel sous un angle cohérent, à travers le regard des héros qui les ont vécues. En un sens, ça rappelle un peu le superbe Marvels de Kurt Busiek et Alex Ross, sauf que les témoins de l'époque sont aussi acteurs. Les dessins de Steve Epting sont réalistes, appropriés au récit qui traite moins de merveilleux que de course au super-soldat et d'intrigues politiques. Mais d'un autre côté, le traitement un peu "clinique" de l'époque est aussi un défaut, puisque le lecteur se sent moins proche des personnages dépeints (au contraire de Marvels qui était au niveau de l'homme de la rue et de son rapport au merveilleux). C'est finalement assez documentaire. C'est quand même bien fichu, ça approfondit des éléments apportés ces dernières années, mais il manque un peu de quelque chose.

 Après des années de sevrage niveau Star Wars, à l'exception des hors série du magazine et de l'album Mondes infernaux, j'ai décidé de craquer sur cet ultime numéro de La saga en BD, pensant avoir affaire à un baroud d'honneur (et voulant aussi lire le dossier). Quatre récits complets : une comédie signée Sergio Aragonès, sympathique, un épisode sympa aussi où Lando Calrissian gagne sa Cité des Nuages, un récit sur un gardien de Nerfs rappelant Luke Skywalker (et dessiné par Francisco Herreira), sans plus, et un très bel épisode peint sur le Sarlaac. Pas de grandes ambitions. Quand au dossier sur l'Empire Écarlate, ouille ! Juste une présentation d'un personnage par page, sans approfondissement sur les origines de cette saga, ses rapports avec les autres, etc. Un seul mot : déception. Certes, l'amateur de la saga de George Lucas y trouvera son compte, mais ça ne vole pas très haut, surtout pour un dernier numéro... A noter que le magazine sera relancé en janvier 2013 sous le nom Star Wars Comics Magazine (mais quoi que pour ?). Espérons juste que cette fois, le sommaire sera beaucoup plus solide.

Et un petit album franco-belge pour finir, avec le quatrième tome de Kaamelott. L'écriture d'Alexandre Astier s'affine, on retrouve l'esprit de la série, mais le dessin de Steven Dupré est un peu problématique. On oscille entre trop réaliste et trop caricatural (Lancelot est l'exemple le plus probant de cette dichotomie), voire fade sur certains visages connus, et ça manque de dynamisme. Pourtant, certaines planches sont vraiment très réussies, notamment la première (les enfants au bord de la rivière, belle mise en scène et belles couleurs). Et le dragon est aussi une grande réussite. Finalement, on est pris dans le récit aux situations absurdes, où Perceval décide de partir en quête flanqué de son nouvel équipier, un furet de combat, sur les traces d'un Lancelot dont le côté antipathique ressort à quelques occasions. Il va de soi, toutefois, que cette BD reste destinée aux fans de la série télé. Les néophytes ou détracteurs, non, c'est pas pour eux...

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