mercredi 5 janvier 2011

Nightrunner (ou comment s'enflammer pour des conneries)

Nous rêvons encore d'ouverture d'esprit... Eh oui, quand je vois les réactions sur l'arrivée de Nightrunner dans la BD Batman Inc, je me dis que ce n'est encore qu'un rêve. Attention, l'article suivant contient des révélations sur des épisodes de Batman pas encore publiés en VF ! Parce que oui, les séries régulières Batman et Batman & Robin sont publiées en France, dans le bimestriel Batman Universe (dont je conseille vraiment la lecture, parce que la première arche narrative de Batman & Robin m'a vraiment foutu une baffe !) édité par Panini Comics.

Bruce Wayne est revenu d'entre les morts, ou presque, enfin il est de retour et ça va chier des briques ! Et comme il pense que sa famille gothamite ne suffit pas, il décide d'aller dans chaque pays former des Batmen locaux. Mais pas comme le Club des Héros des années 50, avec les clichés inhérents à chaque pays, non. Là où ça se corse, c'est que la personne choisie en France par le célibataire le plus coté de Gotham City est... d'origine algérienne et... musulman. Quand je dis que ça se corse, je parle pas pour moi : Bilal/Nightrunner (tel est son petit nom) ne me dérange pas, j'espère juste qu'il sera un bon personnage.

Certaines gens jasent à cause des détails sus-cités. C'est donc à la connerie entourant ce personnage déjà célèbre que je vais m'attaquer.

-d'origine algérienne : oui, et alors ? On connaît tous au moins une personne dont la souche est de moins de 4 générations.
-musulman : oui, et alors ? Vous pensez qu'il va faire de la propagande islamique ? Vous pensez que c'est contraire à la laïcité ?
-originaire du 9-3 : oui, et alors ? C'est pas un wesh bas du front, que je sache, alors où est le problème ?

Hum... A bien y réfléchir, je peux voir des choses à redire sur ce Batman français... En fait, ça ne vient pas de moi, mais de Paul Levitz, grand ponte de DC Comics, qui avait donné comme avis personnel aux auteurs de laisser la religion des personnages aussi floue que possible. C'était dans une interview de Chuck Dixon où il était cité, et j'ai appliqué le principe sur chaque personnage que je crée. Je sais que tout le monde se fout de mon avis d'auteur amateur dont le public potentiel n'excède pas quelques rares misérables dizaines de lecteurs, mais ça me semble important de préciser que, contrairement à bien des gens que je connais, je n'ai jamais été baptisé et n'ai jamais été traîné au catéchisme - paradoxalement, toujours contrairement à eux, je suis bien plus calé en religions. Quel intérêt d'apposer une étiquette si elle ne sert pas ?

N'empêche, je suis en train de divaguer sur les propos de quelques connards, alors que je suis en train de perdre de vue l'essentiel : Batman, bordel ! Comme disait si bien un camarade amateur de comics, croyez-vous qu'il irait recruter quelqu'un qui croit en les bienfaits de la police et des lois sécuritaires ? Le concept du super-héros, déjà, est une projection du désir de justice de la part d'un citoyen qui doute de la compétence du système pour y arriver. C'est encore plus vrai dans le cas de Batman : souvenez-vous de Batman Begins, avec sa société corrompue à tous les étages. Enfreindre la loi pour mieux la protéger, c'est le crédo du super-héros, puisqu'il est interdit de faire justice soi-même. Et d'un autre côté, y a-t-il meilleur candidat pour protéger la société que celui qui en a été victime ? Bruce Wayne, victime de l'incompétence des services de police ; Peter Parker, le chétif lycéen dont l'existence a failli partir en vrille parce qu'il était le souffre-douleur des autres (à lire : un épisode d'Amazing Spider-Man de Joe Michael Straczynski et John Romita Junior, où Peter, devenu prof dans son ancien lycée, doit empêcher un élève comme lui de perpétrer une fusillade) ; Bruce Banner, dont la colère contenue durant toute son enfance à subir les coups d'un père violent se matérialise physiquement quand il devient Hulk, etc.

Mais comme bien souvent, les gens s'enflamment pour des conneries et ne sont pas allés plus loin que la couverture : passer sous silence les ennuis de Bilal avec la police, c'est oublier qu'il y a un exemple finalement bien plus positif à comprendre. En devenant l'apprenti de Batman, Nightrunner exprime son envie de rétablir la justice dans des chemins balisés. Il aurait pu devenir un criminel, une pourriture, se laisser ronger par le ressentiment, mais non : malgré son passé, il décide de devenir un héros, de protéger les plus vulnérables. Par certains côtés, Nightrunner rappelle un peu Terry McGinnis, le Batman du futur de Batman Beyond. Terry a eu une jeunesse pourrie et n'était qu'un petit délinquant avant de voler le costume de Batman et de décider de travailler main dans la main avec un Bruce Wayne incapacité.

En conclusion, au-delà de ces conneries d'étiquettes, ce sont les actes qui comptent. Uniquement les actes. Et ça vaut aussi bien pour la réalité que la fiction. Les étiquettes, je les brûle. Mettez-en si vous voulez, mais ne me gonflez pas pour que je le fasse, puisque je refuse catégoriquement de le faire.

Ah, dernière chose : laissons s'égosiller les cons, de toute façon ils ne liront jamais Batman Inc. (ni quoi que ce soit d'intelligent, d'ailleurs)

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