lundi 4 novembre 2013

Prose : Dark Fates - L'enterrement

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DARK FATES

L'enterrement

par Florian R. Guillon

Un vent glacial faisait frissonner les rares feuilles qui s'accrochaient encore à leurs branches et les corps protégés d'un manteau noir de circonstance, alors que la procession s'engouffrait dans l'entrée du cimetière. Le mois d'octobre était bel et bien entamé, et en son treizième jour, l'automne avait déjà bien pris ses quartiers. Derrière le corbillard, Joe Gillian leva un instant des yeux sans expression vers l'arbre le plus proche, qui lui semblait avoir attendu ce moment exact pour perdre sa dernière feuille et ainsi offrir au jeune homme le spectacle presque inconvenant de sa nudité squelettique, comme une façon de rendre grotesque la cérémonie de mise en terre qui allait commencer. L'âme de poète du jeune Joe aurait apprécié l'ironie de la situation en d'autres temps, mais son regard se détourna pour retourner se poser sur le cercueil verni devant lui. Après tout, c'était son père que Joe Gillian enterrait en ce jour.

Sir John Philip Robert Gillian était décédé quelques jours plus tôt, et son fils unique pensait qu'il lui arriverait bientôt la même chose si le prêtre continuait à rabâcher le même discours déjà tant prononcé et paraphrasé durant l'office religieux. Pendant toutes ces heures, Joe était resté patient, faisant semblant d'écouter les déclarations des nombreux – très nombreux – intervenants qui s'étaient succédé à l'église. Tous, du plus humble au plus aisé, y allaient de leur bon mot sur Sir John, comment il était un bon ami, un fervent chrétien, un palais raffiné... Toutes ces interventions mises bout à bout, il devenait possible de reconstituer la biographie du patriarche, depuis sa naissance en 1910 jusqu'à la perte de sa première femme, Theresa Louise Gillian née Wilhem, morte en accouchant d'une petite fille morte-née en 1945, période où celui qui n'était pas encore Sir John reçut une révélation divine et se mit à voyager par le monde pendant une décennie entière, ne revenant dans le domaine familial de Lake Gillian que pour succéder à son père et utiliser sa fortune pour fonder son cabinet d'expertise qui se révéla d'une grande utilité pour le peuple... et pour accroître un patrimoine pécuniaire déjà conséquent. Puis John attendit l'anoblissement par la Reine en 1956 pour demander en mariage Ellen Andrews, qui lui donna un fils trois ans plus tard : Josapha John Louis Gillian. Depuis cette époque, Sir John n'avait plus quitté qu'occasionnellement son domaine et sa famille, où la mort vint le prendre en cette année 1981.

L'oreille distraite, Joe s'était réfugié dans ses pensées pour constater qu'il risquait de mourir d'un ennui pire que celui de son père s'il devait encore supporter les ritournelles de tous ces gens que la famille avait côtoyés au fil des ans, et savourait secrètement le sens de l'humour du destin. Comment, en effet, mourir d'une bête pneumonie alors qu'on avait déjà affronté des choses bien plus mortelles et inexplicables ?

Puis vint le moment fatidique : le curé se tut, et le cercueil de bois descendit en terre, scellé bientôt sous une lourde dalle. Derniers recueillements en silence, puis chacun ressortit tout aussi silencieusement du cimetière, attendant le prochain convive afin d'offrir ou d'obtenir quelques mots de réconfort. Joe et sa mère furent les derniers à quitter la tombe. Ellen, sous son voile noir, ne put s'empêcher de murmurer à l'oreille de son fils : « Dire que bientôt, c'est là que j'irai le rejoindre... » Ne sachant quoi répondre, Joe passa son bras autour de ses épaules et la conduisit lentement vers la sortie, le temps d'apercevoir du coin de l’œil qu'un homme habillé de marron les observait de loin. Ces journalistes n'ont donc aucun respect, pensa Joe en plissant les yeux vers l'inconnu.

Sitôt sortis, Joe et sa mère furent encerclés par la famille lointaine, les amis, les amis des amis, les curieux et même quelques « clients satisfaits ». Les héritiers du domaine Gillian se retrouvèrent vite accablés de conseils, de mots rassurants et même de cartes de visite de personnes « joignables à toute heure, pour n'importe quelle raison ». Ellen Gillian prit soin de remercier chacun, tandis que Joe se contentait de marmonner en se demandant si ces gens n'allaient pas en profiter ensuite pour leur extorquer de l'argent ou des services. Il n'avait cependant pas le courage ni l'envie de les envoyer paître, et son seul souhait était d'en finir avec cette journée au plus vite, à tel point qu'il ne fit aucune remarque désobligeante à ce journaliste qui prenait des notes dans son calepin pendant que l'ambiance était aux larmes. Tout ce qui l'importait, c'était de rentrer au domaine familial et de fermer les yeux en étant affalé sur quoi que ce fût d'assez confortable.





La nuit tomba, et Joe put enfin apprécier son moment de calme une fois rentré à Lake Gillian. Il était étendu sur le lit, dans la chambre qu'il avait occupée depuis son enfance jusqu'à ses études, dans le noir total. La question qui lui vint était de savoir si son père ressentait la même chose sous terre ; une interrogation qu'il chassa bien vite de son cerveau en s'efforçant de fermer les yeux, avec l'espoir que le sommeil l'emporterait rapidement loin de cette affreuse journée qu'il venait de vivre. Il resta ainsi deux heures avant que la sonnette de la porte d'entrée ne vînt le ramener à la réalité. Il s'assit à contrecœur sur le lit quand il entendit sa mère ouvrir. Joe se rendit compte après quelques minutes que le visiteur était bien entré, puisque sa voix (masculine) retentissait entre les murs de la cuisine pour se propager jusqu'à la chambre du premier étage. Après un quart d'heure de tergiversation et la prise de conscience qu'il n'arriverait ni à entendre, ni à dormir en restant sur le lit, le jeune héritier descendit lentement les escaliers pour arriver jusqu'à la cuisine où il put mettre un visage sur la voix du visiteur : c'était l'inconnu du cimetière.

Ce fut Ellen qui parla la première, d'un ton fatigué :

« Josapha, nous ne voulions pas te déranger, tu sais. Nous avons un invité...

- Je me nomme Corlatius, la coupa le visiteur en levant la tête de sa tasse de thé vers Joe. Lord Corlatius.

- Lord Corlatius était un ami de ton père, reprit madame Gillian. Il devait nous faire part de quelque chose d'important dès ce soir.

Bien que circonspect, le jeune Joe tendit la main vers celle du Lord, avec toute la politesse feinte qui sied à un homme de bonne société. Il en profita pour dévisager cet étrange invité : qui pouvait prétendre à la noblesse en portant cet imperméable à l'usure visible, et sans s'en dévêtir en intérieur en sus ? Mais ce détail n'était pas le moindre, puisque sur le crâne de l'individu, des cheveux gris semblaient se battre, son visage était incontestablement mal rasé, et surmonté de lunettes mal entretenues. De même, les vêtements que portait ce soi-disant noble – un costume-cravate froissé – ne reflétaient en rien la mise d'un homme de haut rang. Mais Joe fit mine de ne s'apercevoir de rien et s'attabla face à lui.

- Je sais bien que j'arrive au mauvais moment, jeune monsieur Gillian, reprit Corlatius. Ou dois-je vous appeler Josapha ?

- Je préfère qu'on m'appelle tout simplement Joe.

- Et voilà que ça recommence... soupira sa mère avec une lassitude bien ancrée.

- Je suis désolé, mère, mais je trouve que mon prénom n'est pas franchement beau... Et puis personne n'arrive à le prononcer correctement, alors à quoi bon ?

- Tête de bois...

Si Lord Corlatius était amusé par l'incongruité de cette situation, il eut la décence de n'en rien laisser paraître.

- Excusez-moi, lança-t-il gentiment pour les interrompre. Je ne souhaite pas vous importuner longtemps, aussi j'ai besoin de toute votre attention.

- C'est vrai, répondit rapidement Joe comme pour faire taire sa mère. Vous étiez donc un ami de mon père, c'est ça ?

- C'est exact. Je l'ai aidé il y a déjà quelques années, lors de la fondation du Cabinet d'Expertises Gillian. A vrai dire, j'en suis même un co-fondateur anonyme.

- Voyez-vous ça...

- Non, je ne suis pas venu pour réclamer quoi que ce soit. A part un service que votre défunt père me devait, et qui vous incombe maintenant à vous.

- Je ne sais pas si ça m'est possible. Pourquoi vous ne demandez pas à ses plus proches collaborateurs ? Monsieur Fernandez est facilement joignable à son hôtel, c'est à cinq kilomètres d'ici. Il ne rentrera que dans deux jours en Espagne.

- C'est vous qu'il me faut, parce que c'est vous qui habitez cette maison. Vous devez me confier un artefact que votre père conserve ici.

- Quel artefact ?

- Je le sentirai quand je le trouverai. »

Joe se pencha en arrière sur sa chaise tout en croisant les bras. Ce Lord Corlatius était quelqu'un de suspect, plus encore qu'un journaliste, et ce nom d'emprunt dont l'adéquation avec sa personnalité laissait songeur, cela faisait beaucoup trop d'un coup. Un homme comme ça n'aurait pas pu être ami avec son père, et ne se serait jamais présenté lors de son enterrement avec un imperméable marron et un stetson râpé (que Joe avait réussi à distinguer sous le bras de son propriétaire) de la même couleur.

« Je veux bien vous aider, lança finalement le jeune après s'être accordé le temps de la réflexion. Cependant, il nous faudra attendre demain, puisque notre petit entrepôt est sens dessus-dessous depuis que père a commencé à perdre ses forces. Il me faudra ranger et vérifier l'inventaire.

- Très bien, je repasserai demain à onze heures, si cela vous convient, se décida à prononcer le Lord en se levant de sa chaise. Merci, et inutile de me raccompagner, vous avez mieux à faire. »

Joe était intrigué par ce « mieux à faire » à double sens. Cela pouvait tout aussi bien dire porter le deuil de l'être mis en terre quelques heures auparavant – ou une injonction à se mettre au travail le plus tôt possible. Dans tous les cas, ce Lord Corlatius manquait de sympathie.

Une demi-heure plus tard, quelqu'un d'autre sonna à la porte. Joe lui ouvrit lui-même, sachant qu'il avait spécialement appelé ce visiteur à la rescousse. Pilar Fernandez avait gardé le même accoutrement que lors de l'enterrement, ce costume-cravate trop serré sur sa silhouette bedonnante qui lui donnait l'air d'un commercial trop porté sur les déjeuners de travail. Deux détails trahissaient une négligence dans son apparence : ses cheveux décoiffés par le fauteuil dans lequel il s'était assoupi, et la paire de vieilles baskets qu'il portait aux pieds pour évacuer la douleur des souliers qu'il avait portés toute la journée. Mais Joe ne pouvait pas s'offusquer d'une telle chose de la part d'un véritable ami de la famille, qui comprit très vite que la nuit allait être longue.

Trois heures plus tard, tous deux étaient enfermés dans le bureau de feu Sir John qu'ils avaient mis à sac. La moquette était couverte de dossiers et de feuilles volantes sur lesquels chacun faisait extrêmement attention à ne pas glisser, un exercice de plus en plus difficile à mesure que la nuit avançait.

« Bon, on a déjà deux-trois trucs, je vais pouvoir faire une pause, dit le quinquagénaire espagnol en se laissant tomber contre la porte du bureau.

- Ouais, mais il manque encore le principal.

- Tu te rends compte que c'est toi qui vas devoir ramasser tout ça, Jojo ?

- Pilou, si c'est moi qui dois reprendre l'affaire, autant que ce soit mon propre rangement, non ?

- Ouais, mais John... paix à son âme... était méticuleux. Toi, pour ce que je m'en souviens, tu as pris du côté de ta mère.

- Si tu t'inquiètes tant pour la santé du cabinet, je peux aussi bien te virer dès que la succession est effective.

- Parce que tu veux vraiment prendre la suite de ton père ? Je me souviens que vous arrêtiez pas de vous engueuler à cause de ça, parce que lui voulait et toi pas.

- J'ai réfléchi, et... Bon, tu sais ce que je pense de mon père, hein. Mais je pense que prendre le flambeau quelque temps serait pas mal, le temps de trouver quelqu'un de qualifié.

- Fais gaffe, on est dans un milieu où il est difficile de distinguer les gens qualifiés des opportunistes et des charlatans, tu sais... »



Le silence se fit pendant les deux heures suivantes, alors que Joe et Pilar commençaient à piquer du nez. Le quinquagénaire s'accrocha à la table du bureau pour étaler quelques dossiers.

« On va faire le point. Ton père conservait pas mal de trucs, tu te souviens de cette main courante qu'il avait pour noter ce qu'il pouvait pas approfondir sur le moment ? Il a relevé cinq occurrences d'un homme avec un imperméable marron et un chapeau de cow-boy : une à Séville en 1951, une autre à Deliah Hill en 1971, une à Lusignan en 1972, et deux aux alentours de Lake Gillian en 1976 et 1980.

- Et ça nous apporte quoi ? C'est pas sûr que ce soit le même type.

- Celui de 1951 a disparu d'un coup, on l'a vu tous les deux avec ton père, je m'en souviens. Mais j'ai pas cherché plus loin, à vrai dire. Et les autres fois, ton père était tout seul.

- Attends... J'y étais, à Deliah Hill. Et je me souviens pas d'un mec comme ça. En revanche, je me souviens que...

- Oui, que ton père t'a engueulé comme du poisson pourri parce que tu jouais à touche-pipi avec une des villageoises. Crois-moi, j'en ai entendu parler aussi. Mais c'est pas le sujet. Regarde ça.

Pilar avait ouvert sur le bureau un dossier annoté « Apparitions » où s'entassaient des coupures de journaux remontant jusqu'au début du siècle. Joe fixa son interlocuteur :

- Tu viens m'apporter la preuve que le vieux pouvait être bordélique ?

- Non, regarde les notes sur les coupures. On retrouve une silhouette sur pas mal de photos qui pourrait bien être ton Lord. Et si tu couples avec ça...

- Attends, c'est tout à propos du même type ? Ça veut dire...

- Ce que ça veut dire, c'est que ton Lord semble apparaître à différents moments de l'histoire, toujours en lien avec des affaires sordides. Je crois même qu'il est apparu dans un ou deux rapports de mon cabinet, en Espagne. On est en plein dans le paranormal. »

Le mot était lâché. L'affaire de Sir John Gillian avait beau être florissante, elle provoquait une certaine gêne, et jamais il n'employait le terme « paranormal ». De cette façon, sa crédibilité avait été sauvegardée, et peu de gens l'avaient jusqu'ici considéré comme fou. Joe n'avait pas encore pris officiellement la relève de son défunt père qu'il était déjà sur la brèche, et il comptait bien résoudre mettre un terme à cette étrange affaire.

« La question n'est pas là, fit remarquer Joe. Nous n'avons pas le temps de savoir quel genre d'homme c'est... s'il s'agit d'un homme. La vraie question, c'est ce qu'il veut aux affaires de mon père en particulier.

- La réponse se trouve sûrement dans la chambre forte. »

Terrassés par le sommeil, Joe Gillian et Pilar Fernandez se mirent en marche non sans mal et descendirent les escaliers qui menaient à la chambre forte. Joe avait pour coutume d'appeler cet endroit « le Saint des Saints », ce qui avait pour conséquence – et but avoué – de faire enrager son père qui n'aimait que l'on tourne la religion en dérision.

La lourde porte ouverte, les lumières s'allumèrent timidement dans les petites rangées. L'endroit ressemblait presque à une bibliothèque, sauf que les livres étaient ici remplacés par des objets des plus divers : couronnes de cheveux, poupées ensorcelées, poignées de porte rouillées, moulages de curieuses empreintes... Un vrai bric-à-brac moderne dans lequel on ne pouvait trouver que des choses pittoresques et inutiles en l'état, toutes étiquetées par numéro de dossier et par année. Seule une étagère au fond de la pièce portait des objets qui n'avaient pas de numéros.

« La seule chose qui correspond, c'est cette espèce de boîte scellée, remarqua Pilar.

- Qu'est-ce qu'on en fait ?

- On l'emmène. Après, c'est toi qui vois. »



A onze heures du matin très précisément, la sonnette de la maison de Lake Gillian retentit. Lord Corlatius n'attendit pas qu'on vînt lui ouvrir et entra pour trouver les occupants de la demeure dans la cuisine. Comme pour signifier les bonnes manières, il avait déjà ôté son chapeau, mais Ellen, Joe et Pilar, fatigués comme ils étaient, ne firent pas mine de réagir. Néanmoins, Joe se leva de sa chaise et fit signe à Corlatius de s'asseoir.

« Grande nouvelle : nous avons retrouvé ce qui est à vous. La grande question est : on en fait quoi ?

Lord Corlatius écarquilla les yeux : comment était-ce possible ? Il avait compté sur la crédulité et l'inexpérience de son hôte, mais il l'avait, de toute évidence, bien mal jugé.

- Je connais votre histoire, monsieur le Lord, reprit Joe Gillian avec un air légèrement courroucé. A chaque fois que vous apparaissez, vous laissez des morts dans votre sillage – et je ne parle que de ceux qu'on retrouve. Alors vous allez répondre à ma question : pourquoi ?

- Pourquoi j'ai fait tout ça ? Pourquoi j'ai besoin de retrouver la boîte ? Le fait que vous soyez ici prouve bien que vous ne l'avez pas utilisée et que vous ignorez totalement ce qu'elle est !

Voyant son invité commencer à s'agiter, Joe s'empara de la carabine modifiée qu'il avait posée à côté de lui et la pointa sur Corlatius.

- Vous feriez bien de garder votre calme. Mon père a réussi à abattre un loup-garou avec pour seule arme un vieux tromblon qu'il avait chargé avec une fourchette. Maintenant, on a de vraies bonnes armes et le vieux m'a bien entraîné pour que je lui succède. Alors mouftez pas ou je vous plombe !

Sous le canon de l'arme, Lord Corlatius expira et reprit son calme :

- J'espère que vous n'avez pas touché le bois de la boîte...

- Elle est en plomb, et impossible à ouvrir, ajouta Pilar.

- Alors pendant toutes ces années, fit le Lord en se laissant tomber sur sa chaise. Pendant toutes ces années, elle est restée là, et Gillian a refusé de me la rendre. Il me l'a confisquée à Séville, vous savez. Il a dû la sceller à un certain moment dans une autre boîte.

- Alors pourquoi je ne l'ai jamais vue ?

- Vous êtes Fernandez ? Vous n'avez jamais vu de boîte en bois ?

- Pas entre les mains de John, non. Mais maintenant que vous le dites, on était avec d'autres. Et on n'a plus jamais eu de nouvelles depuis... 1952, je dirais.

- Alors John n'est pas mort de...

- Il a chopé une pneumonie, le coupa sèchement Joe toujours en joue. Donc, qu'est-ce que c'est que votre truc ?

Corlatius expira une nouvelle fois.

- Il s'agit d'une arme. Je comptais l'utiliser au cas où les Likkktalzzz auraient conquis cette Terre, mais... Je n'en ai pas eu besoin, et ils ne reviendront plus menacer votre univers. Néanmoins, cette arme reste dangereuse tant qu'elle existe.

- On peut la détruire ?

- Il n'y a qu'une personne qui peut le faire, et c'est moi. C'est pour ça que vous devez me la donner.

- J'ai pas confiance.

Les mains de Joe Gillian commençaient à devenir noueuses, ce qui n'échappa pas à Lord Corlatius, qui se leva d'un bond et arracha sans effort à son hôte la carabine qui ne pouvait plus menacer personne.

- Bien, fit la voix retentissante du Lord. Tu as assez joué au dur, alors tu vas me donner cette foutue boîte !

Décontenancé, le jeune homme essaya de reculer, mais trébucha sur la dite boîte qu'il avait gardée à ses pieds durant tout ce temps. Sous les yeux médusés du trio, Lord Corlatius ramassa ce qu'il était venu chercher et le prit à pleine main. Un feu d'origine inconnue se matérialisa alors et détruisit l'objet sans en laisser une trace, puis l'homme fixa d'un regard perçant le jeune Joe Gillian, comme pour lui signifier qu'il venait de se faire un ennemi, avant de se volatiliser.

Les trois occupants de la maison mirent un certain temps à se remettre de cette visite, avant de se rendre compte qu'ils n'avaient désormais plus à s'attendre à revoir ce Lord sinistre. Il avait eu ce qu'il demandait, et la famille Gillian n'avait plus de quoi l'intéresser.

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