samedi 12 février 2011

Tir groupé French Comics, première salve

La critique d'un French Comic (BD française composée selon les codes de la BD américaine) n'est pas chose aisée, surtout quand on a des échanges avec les auteurs de temps en temps, et que certaines personnes ont tôt fait de monter sur leurs grands chevaux pour défendre ce médium contre toute menace (même si des fois, c'est très légitime). En plus, je fais moi aussi du French Comics (certes pas au même niveau), alors on pourrait me reprocher un manque d'objectivité, tout ça... Mais qu'importe ! Je donne de mon temps et de mon argent pour vous livrer une critique constructive et relativement objective de quelques-uns de ces étranges fascicules, et vous en livrer mes impressions :

Hum, cela vous semble relativement peu comics et plutôt franco-belge dans l'esprit ? C'est exact, puisque Spermag est une publication consacrée à la parodie de super-héros, passant le genre à la moulinette du graveleux. Les dessins et les couleurs sont réussis, et scénaristiquement, ben... comment dire ? Ce n'est pas très philosophique, et ça ne prétend pas l'être. C'est distrayant, mais pas hilarant. Finalement, le petit plus de cette publication de l'association Phylactères est de mêler au super-héros la gaudriole française, même si je n'ai pas trouvé ça encore très abouti, mais on verra pour la suite.








Avec Bayou Girl, on entre vraiment dans le vif du sujet, puisque d'emblée, on est en terrain connu : un logo ressemblant à s'y méprendre à celui de Witchblade (hommage ? Coïncidence ?), une nana presque à poil façon Top Cow, ça fleure bon les années 90 ! Et effectivement, c'est assumé de la part du scénariste Edmond Tourriol, qui voulait faire un comic-book façon Brian Pulido (le fondateur des défunts Chaos! Comics). Le pari est presque joué, même si le dessin (en noir et blanc) est encore perfectible. Mais le problème, c'est qu'il s'agit... d'un numéro 0 ! Si aux USA, la pratique était assez répandue et même de nos jours, la BD ne comporte que peu de pages, et c'est bien dommage. On a juste l'origine de Bayou Girl, c'est rapide, sans temps mort, mais c'est tout. Je ne pense pas là non plus que la philosophie ait été au centre des préoccupations, mais l'idée de base (pas dénuée d'originalité) aurait mérité un peu plus d'approfondissement... ou alors un numéro 1 ensuite, mais depuis le temps, je crois que ça n'est plus d'actualité. Tentative sympa malgré tout.

On continue avec l'encreur de Bayou Girl, Anthony Dugenest, passé cette fois aux commandes du scénario (avec Ludivine Geslot) et de toute la partie graphique de Skys. Là, on a droit à un numéro preview, qui rappelle bien les parutions Aspen Comics du défunt Michael Turner, dont l'influence est bien manifeste sur le dessin, ce qui n'est pas un défaut. Malheureusement, le concept du preview craint un peu : déçu par la brièveté de Bayou Girl, j'ai le regret de constater que ce numéro n'offre que 6 pages de BD (en fait, une narration sur fond de dessins, mais ça reste de la BD) offrant quelques indications sur l'univers de Skys... même si le rédactionnel est beaucoup plus loquace là-dessus. La BD est une suite d'images présentant décors et personnages de Skys, avec une narration plus ou moins liée, donc très peu informative. Au moins, les dessins sont jolis, mais une véritable histoire, même courte, impliquant des personnages, aurait été plus appropriée pour accrocher le lecteur. Dommage, donc...


Pour en finir avec les parutions Wanga pour le moment, voici les Nouveaux Gardiens, du super-héros mêlé à de la télé-réalité, mélange qui a déjà produit de bons résultats, et fonctionne bien ici. Ce numéro 1 souffre seulement d'un goût de trop peu : le scénario envoie des pistes plutôt intéressantes, mais ne les développe pas encore assez. On peut penser que tout cela sera fait dans le numéro 2. En tout cas, un French Comic qui affiche son identité (avec le trait épuré mais efficace de Vincent Maria, couplé à une bonne colorisation) grâce à une bonne histoire malheureusement un poil courte. Mais bon, attendons le numéro 2, qui promet de très bonnes choses encore. Un titre à suivre.






Et maintenant, bouclons la boucle avec un autre titre de Phylactères, Bertrand Keuftérian. Metz envahie par des extraterrestres, de la télé partout, le postulat est original, et le héros aussi (pour une histoire SF, en particulier). Ici, on apprend vite tout ce qu'il y a à savoir sur cet univers, et les personnages ne sont pas en reste, même si sur la fin, ce n'est pas aussi bien géré (à voir avec le numéro 2). Cependant, le scénario est alléchant, et le graphisme souvent flatteur (sauf pour quelques scènes où les personnages sont un peu ratés). Rendez-vous est pris pour le deuxième numéro, où  notre sympathique Bertrand aura encore quelques ennuis... pour notre plus grand plaisir ! Et ne laissez personne vous dire que la fin du monde n'est pas télégénique.

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